lundi 3 février 2014

Musulman et vendeur de porcs

A Djilor, la consommation de porc n’est pas une exclusivité chrétienne, ni une surprise quand ce sont… des musulmans qui s’adonnent à la vente. Quand un tabou est brisé dans le seul but de survivre, mais aussi de devenir riche.

Un calme précaire est souvent perturbé par le mouvement des vagues, et de quelques animaux présents aux abords du fleuve de Djilor. Souriants et blanchis par le sel de l’eau,  torses nus ;  des enfants courent  dans tous les sens en criant derrière un ballon rond déchiqueté. Ce sont les premiers individus que l’on aperçoit dans ce village. Situé dans la région de Fatick, ce hameau  a eu l’insigne honneur d’avoir vu naître Léopold Senghor, le premier président du Sénégal.
Assis sous un baobab, vêtu d’une chemise blanche, d’un pantalon jean bleu délavé et de chaussures en cuir ; Djiby Diouf surveille un enclos bien particulier. Une porcherie, clôturé de bois et de pailles, grouille aux sons 25 porcs, 15 truies et 30 porcins. Jusque là rien d’étonnant. Sauf que l’homme dans son hamac, cigarette en main, écouteurs aux oreilles, est de confession musulmane. Un commerce qui fonctionne depuis quatre ans, et qui arrange bien le propriétaire : «Je passe la moitié de mon temps ici, vu que le village n’est pas grand, je ne me déplace qu’aux moments de la prière», indique le bonhomme aux dents blanches. Taille moyenne,  teint noir foncé qui confirme ses origines sérère, cet éleveur bien singulier dit être fier de retrouver son village natal. Quinquagénaire, Djiby a passé 17 de ses dernières années à l’étranger  qu’il ne regrette pas d’avoir quitté. De retour depuis 2003, et profitant de cette affection familiale qui lui manquait tant, il se lance dans le commerce porcin. Marié et père de trois enfants ; son cadet, avide de l’attention paternel, manipule une vieille bicyclette en compagnie de son frère ainé en s’écriant «papa regarde moi». Cette action se déroule non loin du baobab où le «guide», comme l’on surnommé ces voisins, raconte : « Ici, quand on veut devenir riche facilement et ne dépendre de personne, il faut se lancer dans la vente des porcs ».
Très apprécié au village, ce musulman pratiquant ne se sent nullement concerné par les passages du Coran qui prohibent  l’élevage, la vente ou la consommation du porc. Il évoque toutefois des raisons financières comme source de motivation : « J’ai débuté l’activité depuis quatre ans seulement et je vois déjà les retombées car je vends le mâle à 7000 FCfa ; la femelle à 5000 FCfa ; et les porcins, pour de rares fois à 4500 FCfa ». avoue-t-il. « Les porcs, ajoute-t-il, sont vendus à ce prix par ce que nos clients les préfèrent aux truies que tout le monde n’a pas le temps d’élever». Entassés, les bêtes se précipitent pour la meilleure place une fois le repas servi dans une auge. Les porcins se contentent du lait maternel pour survivre. Ces animaux, avec un tout petit groin, connaissent instinctivement l’heure du repas, selon leur maître. Ils regagnent la porcherie au crépuscule, après le premier appel du muezzin. Les enfants munis de bâtons, leur courent derrière pour leur montrer la direction.
Tout le temps en groupe, «ils mangent un peu de tout» dit Djiby sourire aux lèvres. Mais moi, « je me rends au marché tous les mercredis pour leur provision de riz séché. Le sac de 50kg de ce riz séché est vendu à 3000 FCfa et chaque semaine, j’en prends 10, ce qui me fait quand même une énorme dépense que je ne regrette pas, vu ce qu’ils me rapportent». En outre, le pain est aussi très consommé par ces animaux domestiques. « A la différence du sac de riz, celui du vieux pain que les hommes rejettent, est mis à notre disposition à 1000Fcfa. Il m’arrive d’en acheter 15 par semaine pour varier un peu leur nourriture ». Ce riz vient d’ailleurs de la capitale et précisément de l’université de Dakar, où les restes de nourriture sont recyclés pour être vendu après séchage, renseigne le guide.
 Dans ce village  où, il n’existe qu’un seul cimetière, une seule église, une seule mosquée, musulmans et chrétiens cohabitent dans la paix, l’entente et le plus grand respect. Et, chacun consomme cette viande et cela n’entrave en rien, la pratique de la religion et des croyances.








Campus social de l’UCAD Un refuge pour étudiants.

Située dans l’enceinte de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, la cité universitaire accueille des milliers d’étudiants dans des conditions difficiles.

Le gardien du pavillon B est à peine visible. Il est tranquillement installé sur une chaise dans un petit coin sous les escaliers. On a l’impression qu’il est 8heures du matin et que tout le monde est pressé. Des groupes de filles et de garçons se faufilent à l’entrée. Personne ne cède le passage à son prochain. Après avoir franchi les premières marches de l’entrée principale, on est aussitôt, frappé par les va-et-vient incessants d’étudiants. Tout le temps plein de monde, « on croit qu’ils ne vont même pas faire cours, c’est toujours le même bruit. C’est comme un défilé en quelque sorte », souligne le vigile à l’entrée du pavillon. Ce défilé dont il parle est apparent. Habillés en jeans, en tenues traditionnelles, en mini jupes pour les filles et plus loin, ce qui saute aux yeux, c’est le nombre croissant de filles voilées. Dans les allées du premier au troisième étage, on peut voir des étudiants qui prient, d’autres qui discutent entre eux et certains au téléphone.
Les conditions de logement sont précaires à l’université : «Nous sommes huit dans notre chambre  N°88, la nuit deux matelas sont par terre sur lesquels dorment deux personnes ; de même que sur les lits», explique Birima N’diaye. Cet étudiant en 2ème année au Département d’anglais estime que «  c’est la règle » au campus. Les chambres les moins remplies ont quatre occupants, ajoute notre interlocuteur. «C’est un luxe ici » ironise-t-il. Au pavillon B de l’UCAD, actuellement occupé par des filles et garçons dans l’attente des codifications, les étudiants sont nombreux dans les chambres. Pourquoi un tel nombre dans la mesure où les chambres devraient normalement avoir deux pensionnaires ? Un des locataires de cette « petite famille» explique que c’est son frère qui l’a hébergé ici ainsi que deux de ses amis. L’autre « occupant légitime » de la chambre en a fait de même en recevant ses deux cousins.  «Ce qui fait qu’on s’est retrouvé à huit dans ce lieu si exigu», ajoute-t-il. A la chambre 85 du même pavillon, scénario identique. Ici, les pensionnaires, des filles, sont au nombre de dix. Cela est dû à l’esprit de solidarité de deux des occupantes qui ont voulu « sauver » deux de leurs camarades qui n’avaient pas où loger.
A l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’attribution des chambres est pilotée par les amicales. Cette pratique annuelle  se fait à la fin de l’année académique après que la liste des admis à la session de juin est remise aux autorités du Centre des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) par les facultés. A son tour, le COUD informe les structures de représentation des étudiants que constituent les amicales. Il revient à ces dernières de procéder à l’attribution des chambres aux ayants droit par ordre de mérite. « Dans ces opérations, le COUD ne joue que le rôle de superviseur », précise Momar Diop, responsable du service des cités.
Tout un flou qui a fini de convaincre les étudiants qu’au lieu de les servir, les délégués se servent eux même. Et les exemples à ce niveau ne manquent pas. «D’après ce que nous avions compris des listes affichées, il était prévu deux étudiants par lit. Mais finalement, nous nous sommes retrouvés six par chambre voir huit, donc trois par lit en plus des matelas au sol. Ce qui veut dire qu’ils ont condensé les gens dans le minimum de chambres pour conserver le reste », s’indigne Aissatou Dieng, étudiante en deuxième année de lettres. Madior Diouf quant à lui est formel. Ayant validé toutes ses unités de valeur en juin, cet étudiant en 2ème année de Géographie est fermement convaincu que c’est l’opacité du système qui a fait qu’il n’a pas eu de lit. Des accusations que les concernés rejettent énergiquement. Les délégués prétendent avoir fait de leur mieux pour respecter le droit de chacun : « Nous nous battons toujours pour avoir le maximum de lits, nous n’avons fait que suivre la liste établie par ordre de mérite » se défendent-ils. De nombreux étudiants corroborent la thèse du détournement. A chaque fois que les attributions de chambre commencent, plusieurs étudiants proposent de l’argent à ceux qui ont des logements à vendre. « Un étudiant cherche une chambre et propose 200 000 FCfa, peut-on lire sur les murs du campus, avec le contact de l’étudiant en appui. Ces demandes sont de l’avis de certains, des preuves évidentes que les délégués vendent les lits. Une affirmation que ceux-ci confirment eux-mêmes. « Je sais que cela existe. Mais je ne l’ai jamais fait », soutient l’un des délégués. Qui en est donc le responsable ? Si l’on en croit à certains pensionnaires du campus, il est même arrivé que des filles occupent pendant toute l’année des chambres dans des pavillons destinés aux garçons. Plus grave encore d’autres disent avoir vu des «non-étudiants» habiter au campus. «Il y’a du tout dans cette université. Même des ouvriers sont là» Lance Mouktar occupant de la chambre 44. Un peu méfiant au départ, son voisin Youssouf renchérit : « je partage la même chambre que des maçons. Et vous savez ces gens-là n’ont aucune idée des conditions qu’il faut pour apprendre». Dès qu’ils arrivent le soir, la chambre est envahie par la fumée des cigarettes et la musique sans compter la discussion autour du thé. Nous vivons d’énormes difficultés ici mais, peu de gens le comprennent».
Dans ce lot de difficultés, d’autres étudiants se font appelés malchanceux ou clandos. Lamine Sèye, habitant Pikine et ne bénéficiant pas d’un logement, se contente de la salle de télé du pavillon C, également transformé en dortoir, il est au lit sous une moustiquaire. Au milieu de chaises, tables, sacs et valises, il essaie de dormir malgré le volume élevé du téléviseur et la forte intensité de la lumière. Un décor auquel il commence à s’habituer de même qu’une dizaine d’étudiants, qui sont dans la même situation que lui. Inscrit au département d’Espagnol, Lamine faisait la navette entre Pikine et le campus. « S’il arrive que je me réveille à six heures, soit je prends le risque de m’embarquer dans un car rapide, soit je remonte jusqu’à Guédiewaye pour avoir le bus N°24 car à pareille heure, il arrive bondé à l’arrêt de Pikine». Les clandos, cette autre catégorie d’étudiants est constituée de ceux qui, à l’approche des examens fuient la canicule des chambres, mais la grande majorité est constituée de ceux qui ne bénéficient pas d’une chambre ou d’un lit. Ils quittent la plupart leur domicile pour s’installer à la cité universitaire à l’approche des examens. Au pavillon  A, où les couloirs sont larges, ils viennent exposer leurs problèmes à des camarades afin qu’ils leur gardent leurs affaires. Adossé au mur du couloir du pavillon N, un étudiant qui a hébergé deux clandos nous confie sous le sceau de l’anonymat que «c’est un devoir pour tous les pensionnaires d’être solidaires avec les autres».

Pendant ce temps, le campus social ne respire pas à plein poumons et les étudiants contraint de vivre dans ces conditions étouffent.

vendredi 24 janvier 2014

Quand les études et le sport font bon ménage

Devenir un professionnel du ballon rond est plus qu'un rêve pour de nombreux jeunes africains aujourd'hui. Mais comment éviter que ce sport ne dépeuple les écoles? l'institut Diambars à ses méthodes et à Sally portudal ou est situé le centre, il faut rester concentrer quand on veut réussir. Nous vous invitons à découvrir cet institut de formation qui fait la fierté de nombreux futurs champions de cette discipline.

Situé à environs 80 km de Dakar dans la région touristique de m'bour, l'institut Diambars a été crée en novembre 2003, suite à la rencontre entre Jimmy Adjovi Bocco un ex international béninois et Saer Seck, un passionné du football mais qui n'a pas eu la même carrière sportive de Jimmy. La réalisation de ce projet Diambars qui signifie "Guerriers" à l'image de d'autres ne fut pas facile. Mais pour ses fondateurs notamment Adjovi Bocco, l'idée est claire: "il faut rendre au football ce qu'il lui avait offert  pas en devenant entraîneur, mais en donnant la chance à des jeunes de s'exprimer par le canal du ballon rond", également,"d'unir par les liens du sport, plusieurs jeunes venus de toutes les régions du Sénégal".
Dans cet institut bâti sur une superficie de 12 hectares et comprenant 10 bâtiments sur sa façade droite et qui servent de logement aux 107 pensionnaires, la règle est claire et simple, il faut concilier études et sport. D'ou le slogan: "faire du foot passion, un moteur d'éducation pour Diambars". Pour les pensionnaires dont l'âge est compris entre 13 et 22 ans, la vie au sein de cet institut est  l'idéal pour leur réussite. entassés pour la plus part du temps en groupe ou en catégories, les  admis au sein du centre d'apprentissage sont obligés de respecter certaines règles d'or. Parmi les quelles, " être à l'heure pour tous les repas, avoir la moyenne de 13 en cours mais également, tenir correctement ses équipements".
Dix ans après sa création, l'institut Diambars n'accueille que des jeunes sénégalais. Pour l'administrateur, Ibrahima Diagne, "cela est du à la règle établie par l'instance suprême du football, la Fédération Internationale de football amateur  (FIFA) qui ne leur autorise pour le moment, que l'admission des nationaux au sein de ce centre d'apprentissage.
Pour leur formation, ces jeunes disposent de 6 terrains dont 1 au gazon naturel et sont sponsorisés par la marque Adidas. Souvent partagés entre la classe, les chambres et le terrain, ils se distinguent lors des entraînements  par les jeux de maillots qui sont de couleurs différentes pour chaque catégories. Les plus jeunes de l'institut, ne retournent en famille que pendant les grandes vacances et seulement après la tournée qui a lieu hors du continent tous les ans. Pour les plus grands comme on les appellent au sein du centre, l'emploi du temps est plutôt flexible et les week -end sont mis à profit pour retourner en famille à Dakar.
En plus de l'idée d'accueillir dans ce centre d'autres africains, les fondateurs songent à œuvrer cette fois ci pour des filles qui seraient intéressées à  faire carrière dans le football. Pendant ce temps, l'espoir est permis pour les actuels occupants des locaux du centre parmi les quels, certains sont hors du continent  et d'autres font déjà valoir leurs atouts dans l'équipe nationale sénégalaise.      

mardi 27 août 2013

Inondation, Quand la pluie submerge le pont de Cobayah dans la commune de ratoma

Les habitants de Cobayah dans la commune de Ratoma à Conakry dans les difficultés de circuler.
En période hyvernale , le seul pont reliant les quartiers de lambanyi et de cobayah coupé de toutes circulation.Témoignages d'habitants dans ce reportage.